Interview avec… Didier Leuenberger.

Quand devient fan d’une plume, il est intéressant de connaitre la personne de cette dernière. Merci à Didier qui s’est prêté au jeu des questions réponses.

Dans un premier temps, parlons de votre plume et de l’auteur …

Pourriez-vous nous expliquer comment vous est venue l’envie d’écrire ?

Ce n’était pas qu’une envie, ce fut un besoin pour moi. Face à l’horreur qui se jouait devant mes yeux lorsque j’avais huit ans, j’ai commencé à écrire des petits poèmes pour réconforter ma mère. J’ai vu que ça lui faisait du bien et qu’elle les gardait précieusement dans une boîte secrète, ce qui m’a incité à écrire toujours plus. Des mots simples, des fois sans le moindre sens qui allaient droit au cœur.

Avez-vous écrit autre chose que des romans (poèmes, essais, etc.), autre chose que des livres (des articles de presse, dans des revues, etc.…) ?

Je suis très éclectique comme auteur et surtout, curieux de tout comme dans la vie. Je n’aime pas qu’on me catalogue à un genre, ce qui peut un peu dérouter les lecteurs, mais c’est ma façon d’affirmer mon esprit libre et surtout, d’assouvir mon intérêt pour l’écriture. J’ai écrit de la poésie, je suis plutôt à l’aise voire très à l’aise avec le genre de la nouvelle, j’ai d’ailleurs été le lauréat de la Nouvelle francophone de la ville de Castres pour une nouvelle bouleversante. Ce qui m’a fait connaître c’est un récit sur la violence conjugale pour lequel j’ai reçu une bourse d’encouragement à l’écriture. Cela m’a permis de me consacrer qu’à l’écriture de ce livre pendant plusieurs mois. J’aime également le roman noir et bien sûr l’érotisme dont certaines nouvelles ont dépassé le cap des 29000 lectures sur mBS en moins d’une année. J’ai eu la chance d’être publié dans le journal local de ma région pour des chroniques et nouvelles durant cinq années, dans des magazines en France et au Canada ainsi que pour un reportage photo puisque c’est une autre passion à laquelle j’aime m’adonner.

Avez-vous commencé par un journal intime, des nouvelles…

C’était de la poésie, de tout petits poèmes puis des textes plus encore, mais ce n’était pas encore de la nouvelle. Ce n’est pas un genre facile à maitriser, il faut de l’expérience. J’ai d’abord écrit un roman, j’avais vingt ans avant de tenter d’autres genres. Ayant énormément voyagé et durant de très longues périodes, j’ai tenu un journal de bord à chaque fois, pour me souvenir des rencontres faites et des paysages.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Les gens, leur vie que j’écoute énormément et la vie en général. Mon enfance difficile à fait que j’ai appris à savoir écouter une mère aux abois. Ça m’est resté par la suite et j’ai même développé un côté saint-bernard qui m’a plutôt handicapé dans bien des relations un certain temps.

Quels sont vos projets dans l’avenir ? Avez-vous déjà un nouveau roman en préparation ?

Le tome 2 de Naufrage à Mount Isa est sur les rails, je n’ai pas encore date. Nevada, un roman FF ou je vais faire à nouveau voyager les lectrices et lecteurs est terminé d’être corrigé par ma correctrice et également sur les rails de publication. Je viens d’envoyer un texte que j’ai retravaillé sur un grand écrivain en perte de vitesse qui doit se coltiner un jeune pour terminer un roman qu’il doit à son éditeur depuis des années. Un autre emmènera les lectrices et lecteurs pour le Yukon, au Canada pour une histoire très émouvantes entre deux hommes : un jeune hockeyeur pour qui tout va mal parce qu’on le soupçonne d’être gay et un père de deux garçons cachant un lourd secret. Dans un tout autre domaine, j’ai écrit l’année passée pour un concours un polar régional pour un concours avec à la clé une publication. Pas encore de réponse, nous verrons bien. Je publie également sur amazon des nouvelles dans tous les genres afin de permettre aux curieux de découvrir ma plume variée et je l’espère, agréable à lire. Il faut toujours rester humble lorsqu’on écrit. 

Dans un deuxième temps, parlons de vous, de cette personne derrière cette plume …

Quelle place la lecture occupait-elle chez vos parents ? Votre entourage familial lisait-il ? Si oui, quels genres de lectures avaient-ils ? (Essais, littérature, journaux, etc.)

Je trouve cette question excellente car le milieu dans lequel on grandit fait souvent de nous qui l’on est. Or, il peut y avoir des exceptions, des rebelles, des êtres qui se révoltent contre un milieu, dur le plus souvent, comme ce fut mon cas. D’un milieu ouvrier, la culture n’avait aucune place, raison pour laquelle peut-être, j’avais autant d’imagination et étais si productif. J’ai monté une pièce de théâtre à neuf ans avec toute une troupe et je me suis même fais arrêter par la police, par dénonciation de certains parents, parce qu’on avait demandé 20 centimes pour pouvoir acheter des bonbons et les distribuer à la fin de notre pièce, écrite par mes soins. Inutile de dire que personne ne vit jamais la fin de la pièce et que mes parents me regardèrent comme un extra-terrestre lorsque les flics me ramenèrent à la maison comme un criminel. Je crois que cette expérience à encore plus excité mon côté créatif et mon côté rebelle. Pour mes lectures, je devais être malin pour emprunter quelques livres et les lire en cachette tout comme l’écriture d’ailleurs. J’ai tout de suite aimé Jules Vernes. Pour moi, c’est l’auteur qui m’a permis d’être en plein accord avec mon imaginaire. Je me fondais complètement dans ses récits. Malheureusement, dans ce monde ouvrier des seventies, il n’y avait guère de place pour l’art. C’était vu le plus souvent comme une faiblesse, quelque chose de féminin. Lorsqu’on élevé à la dure, ça peut être difficile d’associer les deux mais ce n’est pas impossible lorsqu’on est un résilient né.

En dehors de votre activité d’écrivain, avez-vous d’autres activités professionnelles ? Si oui, avez-vous déjà arrêté de travailler pour vous consacrer à votre activité littéraire ?

L’éclectisme de mon écriture est à l’image de mon parcours professionnel. J’ai d’abord appris le métier de cuisinier (très dur aussi, très macho) puis j’ai appris la diététique pour pouvoir travailler dans les cliniques. Comme mentionné plus haut j’ai eu la chance d’avoir une bourse d’encouragement à l’écriture ce qui m’a permis d’arrêter un job en grande surface que j’avais commencé un mois et demi avant, pour voir comment fonctionne la grande distribution. Et j’ai été très heureux d’arrêter. J’ai toujours beaucoup travaillé pour me permettre de partir plus de trois ans voyager autour du monde. Je faisais des petits boulots, faisais à manger dans les guesthouse ou je dormais pour payer ma nuit et me faire des petits sous. Ça m’a permis de m’inspirer d’un monde qui commençait à se transformer, pas forcément pour du meilleur.  J’ai connu des tribus et ai été adopté par elles alors que les gens vivaient avec juste une ceinture de feuille de palmier autour de la taille, je suis retourné avec ma moitié quelques années plus tard et je les ai retrouvés hébétés, perdus avec un t-shirt griffé sur le dos et un portable dans la main sans savoir à quoi il pouvait bien leur servir. Ça m’a bouleversé. Côtoyer des cultures différentes m’a enrichi et permis de m’intéresser à d’autres choses ensuite, j’ai œuvré en tant qu’éducateur pour jeune en difficulté durant des années. Ça m’a énormément apporté mais épuisé en même temps. Mais la récompense est là, j’ai encore des contacts avec certains d’entre eux et leur reconnaissance est le plus beau cadeau qu’on ne m’ait jamais fait. Je suis, enfin j’étais jusqu’en mars, responsable en tant qu’indépendant et depuis quatre ans d’ateliers. Cuisine, team building, yoga, etc… j’y organise/ais (je ne sais pas comment tout ça va finir), des expos photos et peinture ainsi que le vernissage de livres. Une activité pleine de créativité ou j’ai pris de grands risques puisque tout quitter pour me lancer.

Vivez-vous (avez-vous vécu) en couple ? Votre conjoint s’intéresse il/elle à la littérature ?

Je vis en couple oui, depuis près de 25 ans maintenant. Nous avons pas mal bourlingué ensemble, ce qui nous fait bien nous connaître. Oui, il s’intéresse à la littérature. N’a pas toujours le temps de lire autant qu’il l’aimerait mais il aime ça.

Comment considère il/elle votre activité littéraire ? Lit il/elle ce que vous écrivez ? Avant ou après la publication ?

Il me prend pour un dingue, un fou qui l’amuse je crois. Il est assez admiratif de mon travail jusqu’ici car il m’est arrivé de belles choses dans mon parcours. Des rencontres insolites m’ayant permis d’avancer à chaque fois que j’avais des doutes. Il me soutient mais des fois j’ai l’impression qu’à force d’être productif, je le saoule un peu. Il lit du reste de moins en moins ce que j’écris mais lorsque je le lui demande, il s’applique à rester impartial. C’est en général avant la publication pour les romans, mais pas pour les nouvelles.

Est-ce qu’il/elle constitue pour vous un soutien ou plutôt une barrière ?

C’est un soutien mais des fois et pour être tout à fait honnête, j’ai de la peine à savoir ou le situer quant à l’intérêt qu’il porte à mon statut d’auteur. Je sais qu’il me soutient, qu’il est là lorsque j’en ressens le besoin, mais il sait aussi que je suis resté aussi sauvage et libre que lorsqu’on s’est connus et il ne veut pas que je me sente acculé.

Avez-vous des enfants ? Si oui, y a-t-il des interactions sur les thèmes que vous abordez dans vos lectures ?

Je n’ai pas d’enfant mais des nièces et neveux ainsi que deux t. Par contre, j’ai une facilité déconcertante à m’entendre avec eux. Je pense que j’ai su garder celui qu’on a tous en nous, intact. Je l’ai préservé et lui demande souvent conseil, raison pour laquelle, j’avais autant de feeling avec les jeunes à problèmes. Des problèmes plus que compliqués pour la plupart.

Dernière question, quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite se lancer dans un projet d’écriture ?

D’y croire, d’être patient et de ne pas se décourager au premier refus d’une maison d’édition ou d’un avis mitigé. Il ne faut pas oublier que ce ne sont que des avis et qu’un avis, qu’on soit dans une grande maison ou une petite, reste subjectif et n’est garant en rien de la qualité supposée de notre texte. J’ai pour ma part en 2000, casser un contrat avec une très grande maison à Paris. Je ne peux pas citer le nom ici, mais j’ai reçu une lettre du pdg à l’époque d’insulte qui valait son pesant d’or. J’ai cassé ce contrat important car je ne sentais pas mon éditeur avec qui j’allais devoir travailler en étroite collaboration. Il faisait des apparitions à la télé qui n’allaient pas du tout dans le sens de mes valeurs. Je n’ai jamais regretté. Peut-être que j’ai été persona non grata par la suite, mais j’assume encore aujourd’hui ce choix. Du reste, cet éditeur s’est donné la mort six mois après (rien à voir avec mon refus de travailler avec lui) après avoir ingurgiter des médocs. Peut-être que mon instinct m’a protégé d’une situation qui aurait pu être bien plus pénible que de casser un contrat.

Il faut croire en vous. Même aujourd’hui, j’ai des textes qui sont refusés. Nous sommes à une époque où tout va vite et ou les gens se lassent très vite. Ce n’est pas parce que l’on est édité par une maison qu’on va l’être facilement par d’autres. À chaque fois il faut montrer patte blanche et recommencer. Je crois que s’il y a une chose que l’écriture m’a apprise en premier lieu, c’est l’humilité. Car rien n’est jamais gagné.

Quelle est votre actualité littéraire à venir ?

Dans l’immédiat, le Tome 2 de Naufrage à Mount Isa, le roman FF Nevada ainsi qu’un manuscrit que je vais soumettre. Une nouvelle Nouvelle sur amazon « La maison jaune » sur le destin d’une femme affrontant ses démons et l’autorité d’un père tyran.

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