Synopsis:
C’était il y a quinze ans. Matthieu Jacob fut agressé à l’ombre d’une cour d’école dans son patelin natal. Les coups portés à la tête ont causé une amnésie partielle. Seules de vagues images reviennent jour après jours hanter son existence. Alors qu’il apprend à vivre avec un stress post-traumatique depuis des années, la santé de sa mère le ramène dans le village où s’est passé son agression. Avec l’aide de sa meilleure amie, Béatrice, il part à la recherche de sa mémoire.
Que s’est-il passé ce soir-là? Qui l’a agressé et pourquoi? Quelles répercussions cette agression a-t-il eu sur lui et sur son entourage?
Mon avis:
24 juin 2001
Mathieu 17 ans est sur le retour d’une fête quand trois hommes le prennent à parti.
C’était il y a 15 ans… Mais le traumatisme dû à cette agression le poursuit encore, peuplant ses nuits et ses jours…
Atteint de SSPT, sa vie est planifiée comme un métronome, afin de ne pas déclencher de crises… Son exil forcé et voulu le rend sauvage pour le commun des mortels, mais vital pour lui, cela a aussi des répercussions sur sa vie sentimentale et cette dépense affective omniprésente. En même temps, vu le contexte familial, le rejet de ses parents ont peu le comprendre.
Mais tout va être remis en question suite à un coup de téléphone de son oncle… Car pour avancer, il faut faire face à ses pires cauchemars, se confronter à son passé. On découvre que ce fameux traumatisme est bien plus ancien que le soir de cette agression. Ce sombre traumatisme n’est que l’apothéose de tout ce drame… Mathieu va se retrouver à faire des bonds dans le passé et découvrir des secrets inavouables… Les apparences sont trompeuses… La romance est secondaire certes, mais s’imbriquer parfaitement à ce puzzle que Mathieu tente de reconstruire.
Très beau travail de l’auteure pour décrire les conséquences d’un SSPT sur le quotidien d’un patient… Le titre résume à lui seul ce mal qui ronge Mathieu. Dans des cas de traumatismes extrêmement violents, le cerveau a tendance à faire un blackout. De ce fait, ces fragments de mémoire ralentissent la reconstruction de celui qui a subi de ce traumatisme. En cela, Judith par des descriptions parfaitement orchestrées nous montre tout le poids qui pèse sur ces épaules… Comment se reconstruire alors que nous sommes dans l’ignorance ? Rajoutons à cela les flash-back donnant corps à l’action présente et le roman prend une tout autre ampleur. Rien ne nous est épargné. Nous souffrons pour cet homme et cela dès le départ. On ne peut que ressentir de la compassion pour Mathieu. On ne lit plus, on l’accompagne dans ces révélations. On devient Béatrice, cette amie précieuse qui ne le juge pas, mais qui est présente pour lui. Nous en sommes à, nous aussi lecteurs, vouloir connaître la vérité, pouvoir respirer et se dire « c’est bon il est sauvé ». Toute l’histoire repose sur ce traumatisme, mais plus encore l’auteure nous offre un pamphlet sur l’homophobie et ses esprits manipulés par des soit distants bien-pensant… Et les conséquences dramatiques qui en découlent pour celui ou celle qui le subit. Elle le traduit par des sentiments qui nous sont tellement communs: regret, amertume, colère et désolation… On en vient à penser comme cette mère et se dire que la rédemption arrive, mais trop tard. En cela bravo. Plus qu’une remise en question, c’est un message fort que Judith nous transmet : face à la pression sociale et de ces apparences, ne pas suivre tel un mouton, mais s’autoriser à avoir un livre arbitre, réfléchir par soi-même.
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